La connexion corps-esprit du danseur

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La connexion corps-esprit du danseur

C’est bien connu, le danseur se doit d’être « connecté » à son corps pour bien le faire bouger, maitriser les mouvements et l’entrainer. Il y a donc une connexion mécanique, fonctionnelle, se concentrant sur l’action motrice. On parle donc d’une connexion au corps objet. Bien que ce corps objet soit le même pour tous les danseurs d’un point de vue anatomique, il y a aussi un corps sujet qui concerne la partie intangible, animée et sensible de l’individu avec son vécu, ses blessures, son expérience. Les approches somatiques ont permis d’ajouter cette dimension de la connexion corps-esprit et ont ouvert la voie à plus de 100 différentes pratiques aujourd’hui. Elle est maintenant présente dans toutes les formations de danseurs professionnels et s’insère peu à peu dans différentes approches cognitives.

 

Un peu d’histoire


Des arts millénaires comme le yoga, le tai-chi et le qi gong ont pavé le chemin au travail de recherche des pionniers de l’éducation somatique. Vers la fin du 19e siècle, François Delsarte, Émile Jaques-Dalcroze et Bess Mensendieck cherchaient à développer un entrainement plus à l’écoute du corps objet de chaque danseur en ressentant l’expérience du corps sujet par, entre autres, la respiration, le toucher et le mouvement.

Dans les années 70, c’est le mouvement du potentiel humain et de la santé globale qui émerge avec, entre autres, les psychologues humanistes qui mettaient en valeur l’unité de la pensée, du corps et de l’esprit comme étant fondamentale pour l’organisme humain. Cette tendance a inspiré les éducateurs somatiques et nous avons vu apparaitre, pour n’en nommer que quelques-uns : la psychothérapie corporelle (Elsa Gindler), la Technique Alexander (FM Alexander), la Méthode Feldenkrais (Feldenkrais) et, un peu plus tard, le Centrage Corps-Esprit (Bonnie Bainbridge Cohen).

 

Dans le milieu de la danse


Il aura fallu une dizaine d’années avant que le milieu de la danse s’intéresse plus sérieusement à ces approches parallèles et complémentaires après de nombreux articles de Martha Myers dans la revue Dance Magazine sur les thérapies du corps dans les années 80.

Moshe Feldenkrais aimait dire : « si l’on ne sait pas ce que l’on fait, on ne peut pas faire ce que l’on veut. » L’éducation somatique permet donc de clarifier l’image du corps objet et le mettre en relation avec le corps vécu, d’unifier les deux, réduisant ainsi l’écart plus ou moins grand qu’il pourrait y avoir entre eux. Cette approche offre au danseur une meilleure connaissance de son propre outil et donc, un meilleur contrôle sur ses mouvements.

 

Virage somatique en sciences cognitives


Il a été démontré, dans différentes recherches scientifiques, que nous faisions erreur en prétendant que la pensée et le corps étaient séparés. « Toutes activités du cerveau s’accompagnent et s’expriment par le mouvement » (Berthoz, 1998, p. 68). Grâce aux méthodes de visualisation fonctionnelle (IRMf), les sciences cognitives se sont rendu compte de l’incarnation de la pensée dans la matière. Cette cognition incarnée présente un cerveau qui se développe et fonctionne essentiellement en relation avec le corps total. « La pensée, les émotions, les sensations, l’abstraction sont vécues dans la musculature, le rythme cardiaque, la respiration, la posture, et ce, même si de l’extérieur le corps manifeste peu de mouvements dans l’espace», nous dit Yvan Joly dans son article L’image de soi et la conscience de soi. Il s'y questionne d’ailleurs sur la possibilité que la névrose n’ait pas une base somatique dans la non-adéquation entre l’image du corps objet et celle du corps vécu, si l’on se base sur la définition de névrose offerte par Karen Horney : quand à notre insu on fait le contraire de ce que l’on pense.

Question fort intéressante de ce chercheur pour qui les méthodes d’éducation somatique sont des méthodes de sciences cognitives appliquées.

S’investir dans une démarche d’éducation sommative est réellement bénéfique pour les danseurs et leur santé corporelle. Nous pouvons affirmer que c’est également un outil puissant pour mieux se connaitre et entretenir notre bonne santé mentale. 

Alors, quelle méthode essaierez-vous?

 

Sources :


International Association for Dance Medicine & Science (2009)


Danse et santé, Du corps intime au corps social, Presses de l’Université du Québec (2008)
Sous la direction de Sylvie Fortin


L’image de soi et la conscience de soi, Psychologie Québec, Yvan Joly M.A. (Psy), Mai 2006.

 

Pour aller plus loin


https://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=education_somatique_th

L’Association Internationale d’Enseignement et de Thérapie du Mouvement Somatique (International Somatic Mouvement Education & Therapy Association: ISMETA)

Ideokinesis


La Méthode Feldenkrais (www.feldenkrais.com


La Technique Alexander (AT) (www.alexandertechnique.com)


Body-Mind Centering® (Centrage Corps-Esprit)(BMC) 
 

 

Par
Nadyne Bienvenue
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