L’importance de l’ancrage pour la danse et la santé mentale

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L’importance de l’ancrage pour la danse et la santé mentale

Être ancré, pour un danseur, c’est important. Ancré dans son corps pour une meilleure posture, plus de stabilité, d’équilibre et de coordination. Mais, s’ancrer également à la terre ou au ciel facilite le mouvement. S’ancrer dans le regard, au contact de son partenaire ou dans l’intention, développe la qualité de mouvement recherchée par le ou la chorégraphe. Être ancré en soi-même permet aussi d’avoir plus de confiance en soi, de force intérieure et de sécurité.

 

La posture


Élément essentiel en danse, le danseur ou la danseuse se doit d’être conscient de sa posture. Le contact de ses pieds au sol, la répartition de son poids et sa ligne d’aplomb sont autant d’éléments qui contribuent à son ancrage en position neutre. La constitution corporelle de l’individu peut avoir un impact. Sandrine Vachon, dans son mémoire Dialogue gravitaire en classe technique de danse contemporaine (2018)1 explique « À titre d'exemple, j’ai pu remarquer qu'une hyper extension des genoux amène naturellement le bassin en antéversion et le sternum en avant. Je ne connais aucun danseur chez qui cette situation n'a pas engendré un ancrage du haut. Il semble que si cette condition est inévitablement liée à l'espace, elle apparaît également en soi. »

Prendre conscience de ses propres particularités permet aux danseurs et aux danseuses de les ajuster selon le type de danse qu’ils ou elles pratiquent. En ballet par exemple, on cherche l’allongement et la légèreté tandis qu’en danses urbaines, on privilégie plutôt un ancrage plus près du sol dans le bassin. Cette posture de base donne ensuite le ton aux mouvements. 

 

Le mouvement


L’ancrage est tout aussi important dans le mouvement ou l’enchainement de mouvements. Il permet aux danseurs et danseuses de se déplacer dans l’espace sans perdre l’équilibre tout en gardant leur sens de l’orientation, entre autres. Cet ancrage change afin de modeler la qualité de mouvement désirée. Par exemple, la respiration peut être l’ancrage d’un mouvement pour créer un certain rythme ou une certaine fluidité, puis céder sa place à la gravité afin d’obtenir l’effet de lourdeur. Ces différents appuis servent le mouvement uniquement si nous y sommes totalement dédiés.

Les difficultés d’être ancré
Pour certaines personnes, s’ancrer dans son corps, être présent ou conscient de celui-ci est plus difficile. Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. On peut se « déconnecter » de son corps à la suite d’une blessure ou de douleur. On perd confiance aux capacités de notre machine à nous supporter, dans la vie ou dans notre art. On peut avoir une fausse perception de notre image corporelle et développer une relation haineuse avec lui. Il n’est pas aisé d’être ancré dans un corps qu’on déteste.

Parfois, les raisons sont encore plus profondes. On veut fuir la réalité parce qu’elle est trop douloureuse, trop confrontante, ou qu'elle nous semble injuste. Le corps étant une incarnation dans le monde physique en plus d’être un organisme qui ne vit que le moment présent, cela devient parfois inconfortable d’y être. Particulièrement si nous n’avons pas appris à être en présence de nos émotions. Le fait de ne pas être ancré dans son corps amène son lot de problèmes ; manque de repères, dépendances diverses, perte de mémoire, inaction, choix non alignés avec ses besoins, stress et anxiété, voire mener à une dépression.

 

La santé mentale


Inversement, développer l’ancrage dans son corps permet à tout individu une meilleure santé mentale. Tout d’abord, notre esprit ne peut être dans notre corps et dans notre tête en même temps. Cela réduit automatiquement le niveau de stress et d’anxiété et permet à notre physiologie de se reposer un peu. Naturellement, l’ancrage doit être pratiqué de façon consciente et bienveillante afin d’obtenir ces effets bénéfiques. 

Cette réduction de chaos mental crée un peu d’espace pour mieux entendre nos réels besoins et désirs. Ceux qui viennent du cœur ou de l’intuition. À son tour, cette écoute nous offre des choix plus alignés avec nous-mêmes et génère plus de joie, plus de satisfaction. S’ensuit un cercle vertueux qui construit un sentiment de sécurité intérieure puisque nos besoins sont réellement comblés; plus de confiance en soi puisqu’on fait des choix alignés, plus de force intérieure.

 

La cohabitation en danse


Les danseurs ont la faculté d’être conscients de leur corps mécanique sans y être pourtant ancrés. Ils savent qu’ils bougent leur pied, par exemple, tout en jugeant l’image qu’ils voient dans le miroir, en comparant leur mouvement à celui de leur voisin ou celui du professeur, etc. Cette approche n’est guère utile pour améliorer la performance de danse ni pour garder une bonne santé mentale.

Ouvrir la conscience des danseurs et danseuses, peu importe leur âge, à un ancrage bienveillant dans leur corps est tout indiqué. Exécuter certains exercices les yeux fermés afin qu’ils développent leur sensation kinesthésique de l’intérieur peut grandement contribuer. Cela permet également de parler de confiance en soi dans un processus d’apprentissage qui est pour tous une posture très vulnérable. 

Des exercices pour ressentir la gravité dans le corps, des respirations, des touchers ou des étirements conscients peuvent également développer cette présence à son corps, présence à soi. Par conscient, on parle de garder notre attention sur les sensations physiques ressenties pendant et après l’exercice.

 

L’enseignement


L’ancrage dans le corps se perçoit de façon très subtile dans l’énergie. Si le professeur est bien ancré dans son propre corps, solide et rassurant, les élèves vont le ressentir même s’ils ne pourront pas le nommer. Les neurones miroir pourront alors s’activer et créer un environnement propice à ce qu’ils développent, eux aussi, un meilleur ancrage dans leur corps, un meilleur ancrage à eux-mêmes.

 

Sources : 

Dialogue gravitaire en classe technique de danse contemporaine : posture d’enseignante et choix stratégiques pour aborder la mise en jeu de la relation à la gravité. Sandrine Vachon Août 2018 

L’ancrage, le bien du siècle? Sarmiza Turcu du blog Sarmizelles
 

10 façons de travailler son ancrage, Amandine du blog La vie de mes rêves

 

Par
Nadyne Bienvenue
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