Lynn Simonson : Le parcours inspirant de la femme derrière la technique

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Lynn Simonson : Le parcours inspirant de la femme derrière la technique

Le nom de Lynn Simonson n’est plus à faire. Sa technique d’utilisation du corps dans des mouvements sains et organiques applicables à la danse a fait connaître son nom sur plusieurs continents. La sécurité, le respect des limites anatomiques et la prévention de blessures en font une approche favorisée d’abord en jazz, vu la popularité de ce style à l’époque où la Technique Simonson a connu son essor, mais qui regorge de principes qui peuvent être utilisés et transposés dans n’importe quel style de danse.

Le RED a voulu vous faire connaître le parcours de la femme inspirante qui se cache derrière cette approche reconnue internationalement, utilisée dans plusieurs écoles de danse de loisir au Québec et dont s’inspire la Trousse pédagogique en enseignement de la danse jazz du RED.

Entrevue avec Lynn Simonson

Comment la danse est-elle entrée dans votre vie ?
J’ai débuté le ballet classique à l’âge de 9 ans. Ma mère avait toujours voulu danser, mais elle n’avait jamais pu le faire étant plus jeune, car elle souffrait d’asthme. À 30 ans, elle a commencé à étudier le ballet classique à Seattle avec d’anciens danseurs de Diaghilev et du Ballet russe de Monte-Carlo. Je l’observais dans ses classes de danse et c’est ainsi que j’ai su que je voulais également étudier la danse.

Est-ce que votre famille était d’accord à ce que vous poursuiviez une carrière en danse ?
À l’âge de 10 ans, après avoir terminé une année de danse, j’ai annoncé à ma famille qu’à 18 ans, j’irais à New York pour devenir danseuse professionnelle. Tout ce que mes parents m’ont dit c’est : « Commence à ramasser tes sous » ! C’est ce que j’ai fait. Pendant 8 ans, j’ai économisé l’argent que je gagnais avec le gardiennage pour être capable de payer mon billet d’avion pour New York.

Comprenez bien, je suis issue d’une famille de musiciens classiques. Mon père était violoniste pour l’orchestre symphonique de Seattle et ma mère était actrice, elle-même venant d’une famille de musiciens. Tout le monde était un artiste dans ma famille ! Ce n’était donc aucunement étrange que je songe à poursuive une carrière dans le domaine des arts.

Pourquoi avoir créé votre propre méthode (Simonson Technique) ?
Je n’ai jamais planifié de créer une technique de danse. Tout s’est présenté graduellement et naturellement. Quand j’ai commencé à enseigner à temps plein à Amsterdam (Hollande, 1967), j’enseignais surtout à des adultes de niveau débutant. Heureusement que j’ai été dotée d’une grande capacité de questionnement et d’analyse, car j’ai eu à trouver comment introduire un corps adulte à la danse, et ce, dans un studio sans barres ni miroirs. Au fur et à mesure que mes étudiants se développaient, il était inévitable que je leur offre une progression logique pour les amener à un niveau supérieur. C’est, d’une part, ce qui a contribué à créer les bases de ce qui deviendrait le Jazz Simonson, puis la Technique Simonson.

D’autre part, j’ai été influencée par les multiples blessures que j’ai eues en dansant, à 13, 15 et 19 ans (quand je suis arrivée à NY). En parlant avec le médecin qui traitait des danseurs de The Joeffrey Ballet à New York, j’ai appris que j’étais prédisposée à de telles blessures à cause de mon entraînement en ballet classique, dans lequel on force l’en-dehors et les jambes en hyperextension. Ce fut le début d’une longue quête personnelle pour étudier l’anatomie en profondeur et comprendre l’impact de l’entraînement en danse sur le corps. Bien sûr, c’était bien avant que n’existent des disciplines comme la médecine sportive, la science de la danse, etc.

Quelle importance a pris le transfert de vos connaissances aux danseurs, mais aussi aux enseignants en danse, tout au long de votre carrière ?
En tant qu’enseignante du mouvement, je ressens le besoin de transmettre mes connaissances et mon savoir, peu importe où je suis ou à qui j’enseigne. Je suis investie dans l’instant, dans le moment présent, que ce soit lorsque j’enseigne une classe technique, une classe pour les enseignants, un cours de yoga, des exercices pour un groupe de personnes âgées ou une classe de méditation… Tout cela fait partie de mon parcours, de ce que je transmets. Je n’ai pas de mission. J’ai une passion, celle de vivre l’instant.

Quelle place occupe le Québec dans votre parcours inspirant et pourquoi y avoir développé un lien aussi privilégié ?
C’est à Amsterdam, en Hollande, que j’ai commencé à développer ce qui est devenu la Technique Simonson. Cependant, c’est au Québec que j’ai enseigné pour la première fois mon programme de certification d’enseignants, mieux connu aujourd’hui sous le nom de Simonson Method for Teachers Training (SMTT). En 1978, Jaqueline Lemieux est venue observer mes classes à New York. L’été suivant (1979), elle m’a invitée à l’événement « Québec été danse » à l’Université Bishop's, avec la noble intention de former des enseignants en danse jazz qualifiés au Québec. Cette invitation m’a plongée dans une profonde réflexion et dans l’exploration pour trouver la meilleure façon d'amener un enseignant à se développer.

Parmi les étudiants cette année-là, il y avait : Claire Mayer, Jocelyne Lefebvre, Carole Tremblay et Nicole Dufresne, toutes des pionnières en danse jazz au Québec. J’ai enseigné à « Québec été danse » pendant trois ans, puis c’est Claire Mayer qui, par la suite, a commencé à proposer le programme de certification en jazz Simonson pour les enseignants. Depuis, je suis venue au Québec chaque année pour former des enseignants et donner diverses classes à travers la province.

Il y a aussi bien sûr, Sara Tremblay qui a étudié et dansé avec moi à "Québec été danse" et à New York. Sara  a largement contribué à développer le Simonson au Québec et avait récemment repris le flambeau avec le RED qui m'a fait venir au Québec en 2016, puis cette année.

En terminant, auriez-vous des conseils à transmettre aux enseignants en danse?
D’abord et avant tout, prenez soin de vous : physiquement, mentalement et spirituellement. Reconnaissez quand vous avez besoin de repos, de ressourcement ou de formation continue.

Aux jeunes danseurs ?
D’abord et avant tout, prenez soin de vous : physiquement, mentalement et spirituellement.

Posez des questions à vos parents, à vos enseignants, à vos amis(es) sur ce que cela signifie, prendre soin de soi et comment y parvenir. Plus important encore, reconnaissez à quel point c’est incroyable de pouvoir faire ce que vous aimez : la danse. Suivez votre passion.

Aux danseurs avancés?

D’abord et avant tout, prenez soin de vous : physiquement, mentalement et spirituellement. La danse, ce n’est pas seulement le corps. L’ensemble de ce que vous êtes, c’est ça que vous véhiculez par vos mouvements et votre expression.

Aux danseurs vivant avec une limitation fonctionnelle?
Il existe toujours une façon, une alternative pour que chacun puisse expérimenter la danse et être touchée par elle.

Aux parents de danseurs?
Croyez en votre enfant et encouragez-le dans ses rêves à tous les niveaux : physiquement, mentalement et spirituellement.

Lynn conclut son entrevue en disant :

« What a gift to be returning to Bishop’s University in Sherbrooke after 40 years. Thank you RED.
I can never thank the Jazz Dance teachers and students from Quebec, enough. You embraced and understood what I was creating. »

Traduction : Quel magnifique cadeau que de retourner à l’Université Bishops après 40 ans ! Merci au RED. Je ne remercierai jamais assez les enseignants et étudiants en jazz du Québec. Vous avez compris et adopté l’essence de ce que j’ai créé.

Ne manquez pas la prochaine venue de Lynn Simonson dans le cadre de la Rencontre annuelle RED et du « OFF-RED », les 22 et 23 juin à l’Université Bishops.

Pour toutes les informations sur les formations c'est ici. 

 

Par
Marie-Joanie Raymond
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