La 2e vague de la pandémie : une catastrophe annoncée pour les écoles de danse de loisir

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Le Réseau d’enseignement de la danse (RED) a mené une récente enquête auprès de ses membres afin de dresser le portrait à jour de la situation du secteur et recenser les besoins urgents des écoles de danse qui peinent à survivre. Les 67 écoles qui ont répondu au questionnaire entre le 28 octobre et le 16 novembre font la démonstration éloquente de la catastrophe annoncée depuis plusieurs semaines déjà.

Une première vague qui fragilise

La première vague de la pandémie de COVID-19, entre mars et juin 2020, avait déjà frappé très fort les écoles de danse du Québec. La plupart avaient été laissées à elles-mêmes, sans aide financière adéquate, avec des demandes de remboursements et de crédits sur les bras qu’elles ont dû légalement assumer sans les revenus prévus pour couvrir les pertes engendrées ni l’espoir de rétablir leur situation financière avant encore longtemps.

Portrait de cette première vague.

Le confinement imposé en mars a fait en sorte que 47,55 % de la clientèle a choisi d’arrêter sa session de danse. Cette diminution de près de la moitié de la clientèle a mené à une moyenne de 25 206 $ de pertes financières, soit pour des remboursements de clients ou des crédits reportés à une prochaine session.

À cette perte s’ajoutent des montants qui avaient déjà été dépensés au moment du confinement, en vue de l’organisation du spectacle de fin d’année. Comme le spectacle n’a pas pu avoir lieu, les revenus anticipés de la vente de billets n’ont pu être réalisés, ce qui représente un manque à gagner moyen de 23 648 $ par studio.

Puis s’ajoutent les pertes financières liées à l’annulation des compétitions, donc pour des inscriptions reportées ou remboursées, ce qui représente un montant moyen de 11 596 $. Quant au manque à gagner moyen pour les autres sources de revenus des studios, comme les évènements corporatifs, collectes de fonds, ventes de matériel promotionnel et autres activités qui n’ont pas pu avoir lieu, il représente un montant moyen de 12 369 $ par studio.

On peut donc dire que la première vague a creusé les coffres des écoles de danse en moyenne de 72 819 $.

Investir pour pouvoir rouvrir

L’annonce d’un déconfinement à la fin juin a redonné espoir aux écoles de danse. Celles qui avaient maintenu une programmation de camps de jour ont pu déjà réintégrer en partie les studios, mais toutes les autres ont dû attendre à la rentrée de septembre pour revoir leur clientèle. Entre temps, il fallait investir pour être sécuritaires et en règle avec les nouvelles normes sanitaires. En moyenne, les écoles de danse ont investi 3 823 $ en matériel et ressources humaines pour la mise en place en vue de la rentrée.

L’autre investissement important réalisé pour se préparer en cas de deuxième vague est celui de l’équipement pour offrir des cours de danse à distance. En plus de l’abonnement à Zoom, il fallait augmenter le débit de la connexion Internet, se procurer des caméras, écrans, etc. C’est un montant moyen de 1 426 $ qui a été investi pour les écoles qui ont décidé de proposer une offre en ligne advenant un reconfinement.

L’investissement en vue de la rentrée, pour des écoles de danse déjà endettées, aura été de 5 250 $ en moyenne.

La 2e vague, un véritable raz-de-marée

La rentrée de 2020 se sera faite avec 23 % de moins d’élèves qu’en temps normal. Près de 4 773 élèves des 67 écoles du sondage ont choisi de ne pas reprendre la danse, par crainte d'une 2e vague, désintérêt pour l'enseignement en ligne ou parce que les ratios des mesures à respecter à leur studio de leur permettait tout simplement pas.

Puis, ouvertes depuis à peine un mois, les écoles des régions qui ont viré au rouge en premier ont dû refermer au début d’octobre, suivies de près par beaucoup d’autres régions. À ce jour, il reste moins de 10 % des écoles de danse qui peuvent encore offrir des cours en studio (34 écoles dans toute la province). C’est une autre perte de 25,34 % d’élèves (et ça continue…) qui représente 4 101 danseurs qui s’additionnent à ceux ayant déjà quitté. Avec l’annonce de la prolongation des mesures jusqu’à janvier, c’est une autre session qui est complètement perdue par les écoles de danse.

Cette 2e vague a agi comme un véritable raz-de-marée, financier bien sûr, mais aussi pour le moral des troupes. Pourquoi fermer les écoles de danse, alors qu’il est possible de respecter la distance? Que les mesures y sont appliquées? Qu’on ne recense pas d’éclosions dans nos milieux? Voilà des questions qui minent le moral des directeurs d’écoles de danse.

Aide financière : trop peu, trop tard

Depuis l’été 2020, le RED réclame une attention du gouvernement pour aider financièrement les écoles de danse qui sont en mauvaise posture financière. C’est tout un secteur qui est en hémorragie et le RED presse le gouvernement d’agir, car l’endettement global moyen, actuellement de 65 440 $, se creuse rapidement.

En octobre, le « Programme d’aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises » (PAUPME) s’est élargi pour accepter les demandes des écoles de danse. Or, on constate que plusieurs écoles ne se qualifient pas à cette mesure d’aide sous forme de prêt, parce qu’elles sont déjà surendettées et qu’elles ne peuvent pas en supporter davantage. Comment garantir une rentrée d’argent avec des sessions sans cesse annulées? Comment accepter de garantir un prêt supplémentaire dans ces conditions?

Contrairement aux commerces de détail, pour une école de danse, il ne suffit pas d’ouvrir la porte à une date fixe pour pouvoir reprendre. Cela demande une logistique complexe d’inscriptions et d’horaires qui prend du temps à préparer. Alors que les écoles utilisent habituellement les mois de novembre et décembre pour prévoir les inscriptions de janvier, qu’en sera-t-il pour la prochaine session? Les prévisions font craindre le pire…

Les studios estiment que 52,71 % des inscriptions d’automne, qui étaient déjà diminuées de plus de moitié, ne seront pas renouvelées pour la session d’hiver. Le chiffre d’affaires moyen d’une école de danse prépandémie était de 213 135 $. Celui-ci a chuté à 109 905 $ et pourrait diminuer à 37 515 $ en janvier si la tendance se maintient et que les écoles ne peuvent pas reprendre leurs activités d’ici là. C’est une diminution de 82 % du chiffre d’affaires.

Les mesures d’aide financière sous forme de subventions pourraient permettre d’absorber le 4 459 $ de frais fixes moyens mensuels, certes, mais est-ce que ce sera suffisant?

À ce jour, plus de 70 % des écoles de danse annoncent qu’elles prévoient fermer, temporairement ou définitivement, tant que la situation ne permettra pas un retour en studio.

De quoi aura l’air notre secteur dans quelques mois si aucune aide supplémentaire n’est apportée? Fermetures, pertes d’expertises, espoirs envolés. Voilà qui fait craindre le pire...

 

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