Pourquoi est-ce si compliqué en danse ? Et à quelle aide financière avez-vous droit?

Retour à la liste des nouvelles
Pourquoi est-ce si compliqué en danse ? Et à quelle aide financière avez-vous droit?

Depuis plusieurs semaines, déjà, le Réseau d’enseignement de la danse (RED) revendique de l’aide financière pour ses membres, et constate une très grande incompréhension du fonctionnement du secteur de la danse de loisir de la part de nos élus.

Il est vrai que l’enseignement de la danse au loisir n’est pas officiellement encadré. Notre secteur fonctionne en dehors du modèle des fédérations sportives et se trouve majoritairement exclut des programmes gouvernementaux. Depuis longtemps, le RED tente de résoudre cette dichotomie, et la COVID-19 ne fait que mettre en lumière une problématique qui persiste depuis des décennies !

La danse parfois reconnue comme un art

Moins de 10 écoles de danse de loisir sont reconnues comme écoles de formation en arts subventionnées par le ministère de la Culture et des Communications. Ces écoles ont reçu une légère bonification de leur subvention au fonctionnement dans le contexte de la COVID-19.

Le ministère de la Culture et des Communications encadre le secteur de la formation en arts à travers son programme d’aide au fonctionnement pour les organismes de formation en arts (PAFOFA). En danse, le MCC subventionne les trois écoles supérieures et moins de 10 écoles de danse de loisir considérées dans ce continuum. Ces écoles doivent répondre à des critères précis, notamment être constituées comme organisme à but non-lucratif (OBNL), proposer un programme de formation pédagogique reconnu et rendre des comptes périodiquement. Ces écoles, soutenues par le MCC, ont bien vu leur aide financière bonifiée dans le Plan de relance économique du secteur culturel.

Si vous êtes une école de danse de loisir subventionnée par le PAFOFA, référez-vous à votre direction régionale pour les détails de l’aide à laquelle vous avez droit.

De plus, la ministre Roy a récemment annoncé la création d’un Fonds régional d’urgence pour les organismes du milieu culturel affectés par la COVID-19. Ce fonds offre une aide de dernier recours aux OBNL culturels, et ce, même s’ils ne sont pas subventionnés au fonctionnement par le MCC.

Si vous êtes une école de danse de type OBNL, vous pourriez recourir à cette aide.

La danse tantôt reconnue comme un sport...

Les écoles de danse qui offrent de la danse sportive et qui sont sous la fédération Danse Sport Québec pourraient bénéficier d'une certaine aide annoncée par la ministre Isabelle Charest, ce qui représente un faible pourcentage des écoles.

C’est le ministère de l’Éducation qui régit les activités sportives et de loisir et leurs fédérations respectives par le biais de la Direction des sports, loisirs et activités physiques… mais pas en danse! À l’exception de la fédération Danse sport Québec, qui encadre les studios de danse sportive (ballroom/danse sociale) qui, notamment, compétitionnent à l’international.

Le RED se réjouit que cette fédération et les studios qui oeuvrent sous sa gouverne recevront une aide financière suite à la récente annonce de la ministre Charest.

Si vous êtes une école de danse sportive, référez-vous à la fédération Danse Sport Québec pour valider l’aide financière que vous pourriez recevoir dans le contexte de la COVID-19.

Le Réseau d’enseignement de la danse a recensé les écoles de danse de loisir dans la dernière année et dénombre 430 écoles à travers le Québec. De ces écoles, 28 % sont des OBNL qui pourraient être admissibles à de l’aide financière à travers les canaux sus-mentionnés.

Mais la danse également nul part…!

Les mesures pré-citées ne s’appliquent pas aux centaines d’écoles de danse de loisir qui constituent la grande majorité des écoles de danse situées aux quatre coins du Québec, et qui, dans le contexte actuel, ne se qualifient pour aucune forme d’aide financière.

En effet, la vaste majorité[1] des écoles de danse de loisir opèrent sous une forme juridique entrepreneuriale « privée », que ce soit comme studio enregistré, entreprise incorporée ou  travailleur autonome. En somme, le milieu de la danse est majoritairement constitué de PME culturelles qui opèrent avec passion, mais sans aucune aide gouvernementale.

Or, ces studios de danse rencontrent les mêmes difficultés financières que le reste du milieu de la formation en arts, des clubs sportifs et de l’ensemble du secteur du loisir. Ils accusent aussi d'importantes pertes financières (chiffrés parfois jusqu'à 100 000$), ils doivent eux aussi continuer d’assumer leurs frais fixes souvent très élevés et ils sont eux aussi soumis aux règles de l’Office de la protection du consommateur (OPC).

La réalité est que ces écoles et studios de danse ont connu les mêmes baisses de revenus et pertes financières significatives que leurs collègues admissibles aux programmes d’aide pré-cités, dues entre autres :

  • à l’annulation obligée de leurs cours (printemps, été et automne)
  • aux remboursements exigés par la clientèle (Loi de l’OPC)
  • à la perte des frais engagés pour les compétitions et spectacles du printemps
  • aux revenus de billetterie perdus en raison des spectacles annulés, et qui constituent en temps normal un pourcentage significatif de leurs revenus de fonctionnement annuels
  • aux investissements requis pour l’implantation des mesures sanitaires gouvernementales (main-d’oeuvre additionnelle et produits)
  • et aux frais fixes, souvent très élevés en raison de la grande superficie requise pour les studios (frais locatifs, assurances, etc.)

Tout à fait consciente des enjeux, la ministre Isabelle Charest a clairement exprimé le souhait que l’aide financière annoncée permette aux clubs sportifs et aux organismes de loisir d’assumer leurs frais de base pour éviter toute fermeture définitive.

Là où le bât blesse, c’est que la majorité des écoles et studios de danse de loisir du Québec ne relèvent ni du MCC, ni du MES et n’ont pas accès aux aides financières annoncées!

Autre guichet potentiel?

Le gouvernement a également créé un fonds d’aide d’urgence pour les entreprises et travailleurs autonomes en zone rouge contraints à fermer.

À priori, il s’agissait d’une source d’espoir pour les écoles privées non-éligibles aux autres programmes. Toutefois à ce jour, les écoles de danse qui ont tenté d’obtenir du soutien par le biais de ce programme ont été référées à leur « fédération », sous prétexte qu’il n’existe pas de catégorie d’aide pour ce type d’entreprise culturelle/sportive.

Les écoles qui sont enregistrées, incorporés ainsi que les travailleurs autonomes sont tout de même invités à communiquer avec leur MRC (gestionnaire de ce programme) pour tenter d'obtenir de l'aide sous forme de prêt de 50 000$ maximal, dont 80% (max 15 000$/mensuel) est pardonné pour les frais fixe. C'est donc dire que 40 000$/50 000$ pour frais fixe pourrait vous être pardonné, ce qui n'est pas négligeable. Le RED vous encourage fortement à faire pression pour avoir droit à cette aide.

Ce dont a besoin le milieu

Le RED et ses écoles souhaitent bien sûr, d’abord et avant tout, rouvrir et opérer en toute sécurité.

Le RED et ses membres demandent que:

  • Le gouvernement comprenne et reconnaisse qu’il existe une faille majeure dans leur système et dans lequel notre secteur se retrouve présentement.
  • Nos élus trouvent, une piste de solution, une porte d’entrée pour que toutes nos écoles de danse, sans exception, bénéficient d’un soutien financier au même titre que le secteur sportif.

Peu importe leur statut légal, toutes les écoles de danse contribuent à la santé physique et mentale de plus de 130 000 élèves des quatre coins du Québec. Elles sont à la base d’un secteur culturel riche, elles nourrissent nos écoles dites supérieures, nos compagnies professionnelles et demeurent le plus important public/participant pour nos Festivals de Danse. Elles sont le berceau de nos danseurs professionnels qui font rayonner le Québec sur la scène internationale.

Une tranche du secteur de la formation en danse risque de s’éteindre et peut avoir des conséquences désastreuses pour le reste du milieu. Nous espérons l’éveil et le coup de main qui doit assurer la survie de cet art d’interprétation qu’est la danse et la continuité de cette riche formation offerte à tous ces jeunes qui ont tant besoin de leur activité physique et artistique…


[1] 72 % des écoles membres du RED, et non la totalité des écoles de danse du Québec.

 

Retour aux annonces

Articles liés

FAQ

PDF

PDF